Vous souhaitez vous lancer en tant que céramiste mais êtes un peu perdu.e sur les possibilités de financement de votre projet, dont l’achat de votre four de potier ?
Dans cet article, je vous présente différentes possibilités de financement d’une entreprise artisanale.
Les prérequis pour la plupart des financements
Qu’importe le mode de financement que vous choisirez, il est indispensable de chiffrer votre projet. Certains financements sont plus complexes que d’autres et pourraient vous demander de créer un plan de financement, un compte d’exploitation prévisionnel voir un plan de trésorerie. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre chambre des métiers pour obtenir de l’aide sur ces sujets.
Pour le four spécifiquement, qui est la plus grosse dépense d’un atelier, vous devez avant même de réfléchir aux financements :
- Connaître le four visé : soyez certain.e de la contenance, du type de four, de la capacité électrique de votre installation pour choisir le bon four
- Une fois que vous connaissez le modèle de four visé, en connaître son prix :
- Faire des comparatifs sur différents sites
- Si vous souhaitez l’acheter d’occasion, faites régulièrement le tour des annonces pour avoir une idée de fourchette de prix
Voyons maintenant les différents moyens de financement !
Les moyens personnels
C’est la solution la plus « simple » : si vous avez économisez suffisamment, vous pouvez financer vous-mêmes votre projet.
Cependant, cela peut être une fausse bonne idée de mettre toutes ses économies dans son projet. En effet, en cas de coup dur, il vous sera peut-être impossible d’être en sécurité financière.
Les crédits :
Le crédit est le mode traditionnel de financement de toutes sortes de projets, que ce soit personnel ou professionnel.
Un crédit auprès d’une banque
Une banque peut vous prêter un montant calé sur vos besoins. Cependant, elle demandera une garantie pour être certaine que vous pourrez rembourser le crédit. Vous pouvez faire appel à une société de caution mutuelle de l’artisanat, comme la SIAGI, qui se portera caution pour vous.
Bien sûr, tout ceci coûte de l’argent ! Parfois beaucoup, et les conditions peuvent être ardues pour accéder à un crédit classique.
Un crédit auprès d’autres financeurs
Si vous n’êtes pas éligible au crédit bancaire, vous pouvez vous tourner vers d’autres organismes financeurs, comme l’ADIE.
Cet organisme propose des micro-crédits de 10 000€ maximum, avec un taux d’intérêt de 7,45% et le crédit doit être remboursé en 3 ans.
Vous devez quand même avoir un garant, à savoir une personne de votre entourage, ce qui est beaucoup moins contraignant qu’un crédit bancaire.
Obtenir un prêt d’honneur
Le prêt d’honneur est le plus intéressant de tous les crédits : en effet ce sont des prêts à taux zéro, remboursables en plusieurs années, sans garantie.
Je vous conseille de chercher la « Plateforme Initiative » de votre département. C’est un réseau associatif de financement des créateurs d’entreprise, aux chiffres impressionnants :
Associations sur le territoire français
Entreprises soutenues
Emplois créés
En plus de vous proposer un prêt sur l’honneur, les plateformes Initiative suivent les créateurs d’entreprises sur les premières années, et peuvent proposer des parrainages. Elles permettent d’ouvrir plein de portes qui vous seraient fermées ou cachées.
Pour exemple, la plateforme Initiative Eure dont je dépends propose un prêt à la création de 1000 à 15000€, remboursable en 4 ans. Il y a quelques conditions à remplir mais qui ne sont pas aussi strictes que pour les autres financeurs.
Emprunter aux proches
Un petit coup de pouce de vos parents, de vos proches amis ou de la famille, ça peut-être d’une grande aide pour monter votre société.
Cependant ce n’est pas si simple ! En effet, le prêt familial doit être matérialisé par écrit s’il dépasse 1500 €. Cela permet de protéger toutes les parties.
Et sachez également que les impôts peuvent surveiller de près ces transactions et peuvent vous demander des comptes. Vous allez alors devoir prouver que c’est un prêt familial, ou cette somme pourrait être considérée comme un revenu et taxée.
Le plus sûr est de déclarer le prêt avec le formulaire fiscal n°2062 (à partir de 760 € de prêt !), et sachez que si vous ne déclarez pas ce prêt, vous risquez une amende de 150€.
Les aides à la création d’entreprise
Les aides peuvent être de plusieurs natures : accompagnement, exonération de taxes, apport financier. Je me centrerai ici sur ce dernier point, mais sachez que vous pouvez consulter le site aides-entreprises.fr pour connaître toutes les aides auxquelles vous avez droit. Il y a plusieurs milliers d’aides référencées.
L’ARCE de Pôle emploi
L’ARCE est l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise proposée par Pôle Emploi.
Si vous êtes demandeur d’emploi, vous pouvez soit percevoir vos allocations en parallèle de votre salaire d’artisan (vos allocations restantes seront calculées savamment par pôle emploi), soit bénéficier de l’ARCE, qui vous permet d’obtenir 45 % des droits à l’ARE qui restent à verser (en deux fois, une tout de suite puis une 6 mois après).
Attention bien sûr, une fois cette aide versée, vous ne toucherez plus d’allocations. Elle peut être très intéressante si vous vivez en couple ou chez vos parents, et que vous avez donc un soutien financier stable.
Les aides publiques
Les aides publiques sont très nombreuses. Elles peuvent être à l’échelle européenne, nationale, régionale, etc.
Ces aides ont souvent beaucoup de conditions, mais peuvent être un vrai coup de pouce si vous les remplissez toutes. Une des conditions qui revient beaucoup est de prouver la contraction d’un prêt bancaire pour le montage de l’entreprise.
Pour vous donner une idée, en Normandie nous avons l’aide « Coup de pouce », une subvention de 15 % du montant total des besoins financier, dans la limite de 8100€ pour une création d’entreprise. Pour tous les « petits » projets de moins de 6000€, l’aide est fixée à 900€.
Cependant les conditions sont nombreuses : les micro-entrepreneurs doivent être demandeurs d’emploi et déclarer cette activité en activité principale, vous devez être suivi par un des organismes certifiés pendant 3 ans minimum, vous devez avoir obtenu un prêt complémentaire (banque, prêt d’honneur, prêt familial enregistré auprès des impôts).
A noter que si vous souhaitez ouvrir votre atelier dans une zone « sensible », vous avez des aides spécifiques disponibles. De même si vous faites partie d’une minorité comme les travailleurs handicapés, ou si vous êtes une femme.
Les concours de création
En fouillant sur le site aides-entreprises.fr, vous pourrez dénicher quelques concours intéressants, notamment organisés par BPIFrance. Cela nécessite simplement de monter un dossier de participation. On ne sait jamais !
Le financement participatif
Un autre mode de financement maintenant bien connu peut vous permettre de financer votre four ou une partie de vos besoins financiers.
Le financement participatif permet de créer des campagnes de financement, où des « crowdfunders » vous promettent des dons en échange d’une contrepartie en nature (physique, de service, etc. tout sauf financier).
Si vous atteignez votre objectif à 100%, les dons sont versés sur votre compte. Sinon, les participants sont remboursés.
Cette méthode demande beaucoup d’investissement personnel mais peut vraiment valoir le coup. C’est également un bon moyen de commencer à créer sa communauté ou de la fidéliser.
Pour vous aider à monter votre campagne, je vous ai concocté un article tout spécial autour du financement participatif pour la céramique.