Quel est le salaire d’un potier ?

Juin 14, 2025 | Marketing | 0 commentaires

Quand on pense à devenir potier ou potière professionnel·le, on se pose beaucoup de questions : combien je vais pouvoir gagner avec ce métier ? Est-ce qu’on peut vraiment en vivre ? Faut-il donner des cours ? Est-ce que la vente suffit ? Est-ce qu’on peut espérer un vrai salaire, ou seulement un revenu d’appoint ?

Dans cet article, je vais vous donner mon point de vue après plus de cinq ans, d’expérience en tant que céramiste et formatrice.

Jai le souvenir très net de la Juliette pleine d’ambition, qui ne connaissait rien à l’artisanat et qui se lançait dans un CAP poterie avec des étoiles dans les yeux.
Je savais que j’allais avoir des compétences techniques poussées grâce à ma formation, je pensais pouvoir faire de la céramique mon quotidien, mon métier. 

Mais ce que je n’imaginais pas, c’était les galères qui allaient suivre. Financièrement, je n’avais aucune idée de ce que ça représentait. Je pensais qu’avec de la motivation et du travail, ça allait rouler. En réalité, j’étais complètement à côté de la plaque. Tout ce que j’ai appris, je l’ai appris sur le tas.

Et c’est pour ça que j’écris aujourd’hui cet article : pour donner un aperçu clair et honnête de la réalité. Je fais partie des personnes bienveillantes qui poussent à créer, à oser, à explorer ce métier fascinant — mais sans jamais mentir sur les débouchés ni sur ce qu’on peut réellement espérer comme salaire en tant que potier débutant et plus expérimenté.

J’espère donc que vous allez prendre cet article comme un appel à bien réfléchir à votre projet, et non pas comme un moyen de vous dissuader de vous lancer.

La réalité du métier de céramiste

Il faut être très honnête : le métier de céramiste n’a RIEN d’un parcours sécurisé et facile. Contrairement à d’autres secteurs, il n’y a pas de débouchés, ni de “fiche-métier” avec un salaire fixe et assuré.

C’est un métier que beaucoup choisissent pour la liberté qu’il offre. Il est d’ailleurs plebiscité par les personnes reconversion qui se sentent étouffée par leur précédent métier. Mais cette liberté demande aussi de savoir se débrouiller, construire son modèle économique, chercher ses clients, et souvent, tout faire par soi-même.

Vivre de la céramique ? Combien peut-on espérer gagner ?

C’est une question qu’on me pose très souvent : « est-ce que tu vis de ton métier ? »

Je dirais qu’après deux ans d’activité, j’étais en mesure de dire oui, je vis de mon métier de céramiste. J’en parlerai plus tard dans l’article, mais c’est à partir du moment où j’ai rajouté les cours dans mon activité que j’ai pu vraiment vivre de mon métier. 

Les début sont souvent difficiles

On vous dira la même chose dans tous les métiers où vous vous lancez en tant qu’indépendant, il faut en moyenne trois ans pour pouvoir se verser un premier salaire décent. 

Pourquoi ? D’abord parce que la construction du réseau prend du temps. Quand on débute, on part de zéro. Il faut rencontrer d’autres pros, créer des liens avec des clients, se faire connaître localement et en ligne. Et ça ne se fait pas en quelques mois.

Ensuite, au début, on a tendance à tester des choses, à ajuster les prix, à affiner sa communication. Ces tâtonnements vont forcément ralentir le moment où les ventes vont être stables. Les revenus sont irréguliers, parfois très bas. Il faut aussi plusieurs saisons pour comprendre ce qui fonctionne, créer des pièces qui se vendent, organiser sa production de manière rentable.

Et puis il y a le bouche-à-oreille, qui est l’un des leviers les plus puissants, mais aussi l’un des plus lents à se déclencher. Avoir des ventes et des commentaires positifs sur ses ventes va permettre d’avoir au fur et à mesure un cercle vertueux mais cela va prendre plusieurs mois aussi. 

Pendant cette période, beaucoup de céramistes vivent avec peu, et doivent souvent prendre des petits boulots à côté pour tenir financièrement. C’est une réalité qu’on dit trop peu souvent.

Alors non, ce n’est pas impossible de vivre de la céramique. Mais il faut s’attendre à un vrai marathon, pas à un sprint. C’est un métier qui demande de la patience, de l’organisation, et surtout une grande persévérance.

Et après trois ans ?

Une fois le réseau construit, une bonne présence en ligne et / ou localement, combien un céramiste est-il en mesure de gagner par mois ? 

C’est encore très dur de répondre, parce qu’il y a plein de critères, mais même avec une activité bien structurée, peu de charges fixes et une clientèle régulière, il est rare de pouvoir se verser plus d’un SMIC par mois en ne faisant que de la vente de pièces.

Je suis désolée si je brise un rêve, mais statistiquement les potiers, c’est comme les youtubeurs : la pointe de l’iceberg arrive à s’en sortir, tandis que tout le reste galère. Oui les céramistes qu’on voit sur Instagram ils font des sold out, c’est-à-dire que quand ils sortent leur collection en moins de 24 heures, tout a été vendu. Ça fait rêver, mais la réalité de la plupart des céramistes c’est des pièces qui restent sur les bras pendant des mois, voire des années pour certaines. 

Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas y arriver, ça veut dire qu’il faut être conscient de ça avant de se lancer.

Faisons quelques calculs pour gagner un SMIC…

Pour cette simulation, je prends l’exemple d’un céramiste indépendant travaillant depuis chez lui, sans loyer d’atelier à payer.

Voici les charges que j’ai intégrées : charges sociales, électricité, frais de port, matières premières, emballages, etc. Depuis cinq ans, mes calculs montrent que on est sur environ 40 % du chiffre d’affaires qui part en charge dans le cas de la vente de pièces.

Pour atteindre l’équivalent d’un SMIC net, il faut réaliser un chiffre d’affaires de plus de 2300€ par mois.
Cela représente 58 pièces à 40€, soit presque 2 pièces à vendre par jour, ou 4 pièces par jour pour des pièces à 20€. 

Si vous deviez louer un espace de travail ou une boutique pour vendre vos pièces, il faudrait probablement vendre le double de pièces pour pouvoir se verser un SMIC. Et rappelez-vous qu’il faut produire ces pièces, vous vous imaginez produire toutes ces pièces tout en tenant une boutique, ou en passant suffisamment de temps à communiquer pour les vendre ? 

Vendre 60 pièces par mois ?…

Je vous assure que j’ai été comme vous quand j’ai fait mon premier business plan. Je me suis dit : « je veux avoir X de salaire, donc je veux avoir X de chiffre d’affaires, donc je dois vendre X de pièces.

Et à l’époque, ça m’a paru faisable. Pas facile, mais faisable. 

Bien sûr, j’avais tort. J’étais dans le « monde des Bisounours », où toutes les phrases commencent par « Dans l’idéal« …

Pourtant aujourd’hui je vis de mon activité !

  • 2021 : première année complète
  • 2022 : +100% de croissance avec l’ajout des cours à l’atelier
  • 2023 : +70% de croissance avec le 1er lancement de ma formation en ligne en fin d’année
  • 2024 : année de stabilisation avec beaucoup de chamboulements
  • 2025 : je dépasse en juin mon CA de 2024

J’ai mis du temps à savoir exactement ce que je souhaitais faire. La diversification de mon activité avec les cours, puis les cours en ligne, me permet aujourd’hui de vivre à 100% de mon activité. 

Diversifier ses sources de revenus

Très peu de céramistes vivent uniquement de la vente de pièces. C’est possible, mais c’est rare. Celles et ceux qui réussissent à le faire ont souvent un réseau solide, un site bien référencé, une communication rodée, un produit phare qui cartonne… et des années d’expérience.

Mais pour les autres, la clé, c’est la diversification.

Donner des cours, faire des stages, proposer des ateliers ponctuels, proposer des bons cadeaux, faire des marchés, des ventes B2B comme les restaurateurs, travailler en collaboration avec des boutiques ou des galeries, vendre en ligne, faire de la prestation technique (cuissons, tournage, émaillage)… Toutes ces sources de revenus permettent de sécuriser un peu plus votre activité.

Certains céramistes développent aussi des produits numériques autour de leur univers, ou travaillent en parallèle dans l’éducation, l’animation, ou encore dans le secteur artistique au sens large. Il n’y a pas une seule bonne formule.

Il y a des dizaines de chemins possibles, à construire selon vos compétences, vos envies, votre zone géographique, et votre réalité de vie.

Baisser ses exigences quant au salaire de potier

Je pense que c’est important de faire un point à ce sujet : si dans votre ancien métier vous gagniez 3000 € net par mois, et que vous me demandez si je deviens céramiste, est-ce que je vais garder mon niveau de vie ?
Ma réponse est non. 

Le pourcentage de chances de réussir à garder un niveau de vie élevé est quasi nul en vous lançant dans un métier artisanal. 

Il va falloir que vous ayez une vie, un rythme de vie en adéquation avec le salaire possible du métier de potier. Je ne dis pas qu’un potier est forcément pauvre, mais il a des attentes financières qui ne sont pas les mêmes que quelqu’un qui travaille dans un métier de service ou dans le privé à Paris.

Quelques pistes pour construire votre projet sereinement

Après avoir lu tout ça, vous vous dites peut-être : « OK, c’est compliqué, mais j’ai quand même envie d’essayer ». Génial ! Voici quelques idées en vrac pour différents profils :

Si vous êtes encore salarié·e : gardez votre travail le temps de construire votre projet ! C’est exactement pour ça que j’ai créé ma formation en ligne : pour que vous puissiez apprendre à votre rythme, le soir, le week-end, pendant vos congés. Vous pouvez tester vos premières ventes, construire votre réseau, affiner votre projet… tout en gardant votre sécurité financière.

Négocier une rupture conventionnelle peut être une excellente stratégie. Vous partez avec une indemnité qui vous donne quelques mois de répit, plus le droit au chômage si les choses ne se passent pas comme prévu. C’est un filet de sécurité non négligeable pour les premiers mois.

Mutualiser avec d’autres artisans, c’est l’une des meilleures idées que j’aie vues ! Partager un atelier, les frais de cuisson, commander les matières premières ensemble pour avoir de meilleurs tarifs, faire des marchés à plusieurs… Ça réduit les coûts et ça brise l’isolement. Cherchez s’il y a des collectifs d’artisans près de chez vous, ou créez-en un.

Commencer petit : pas besoin d’un atelier de 50m² dès le départ. Une pièce chez vous, un four partagé, quelques outils de base… Vous pourrez toujours évoluer une fois que vous aurez trouvé votre manière de fonctionner. L’important, c’est de commencer.

Et si vous voulez un guide avec les essentiels pour avoir votre premier petit atelier à la maison, voici celui que j’ai rédigé : Guide « Mon premier atelier de poterie« . 

Bref, il n’y a pas qu’une seule façon de s’y prendre. L’important, c’est d’être malin, patient, et de construire progressivement plutôt que de tout plaquer du jour au lendemain. Votre rêve mérite d’être réalisé… mais intelligemment !

Se former avec un vrai projet, pas juste une envie de mettre les mains dans la terre

Si vous envisagez de devenir céramiste professionnel, ne faites pas l’erreur de vous former uniquement pour acquérir des gestes techniques. Bien sûr, il est essentiel d’apprendre à centrer, tourner, émailler, cuire. Mais aujourd’hui, cela ne suffit pas.

Le métier de céramiste, c’est aussi savoir vendre, communiquer, gérer son budget, fixer vos prix, attirer des clients, créer une offre cohérente… 
Se former à la céramique, c’est aussi se former à devenir cheffe d’entreprise. À monter un projet viable. À savoir où vous allez, pourquoi, avec quels moyens, et pour quelle clientèle.

Si vous entrez en formation sans projet, uniquement avec « l’envie de faire de la céramique », vous passez à côté de la moitié du métier.

Se former sérieusement, c’est poser les bases d’un projet cohérent. Et c’est ce qui fait toute la différence entre celles et ceux qui galèrent pendant dix ans, et celles et ceux qui avancent plus vite, parce qu’ils ont réfléchi dès le départ à ce qu’ils voulaient construire. 

C’est ce que j’apprends à faire à mes élèves dans ma formation de poterie en ligne !  

La formation 360° qui donne toutes les clés pour réussir et ouvrir son atelier de poterie en étant accompagné·e par une formatrice bienveillante.

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Céramiste depuis 2020, j'ai créé ce blog pour vous partager mes connaissances.
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