L’apprentissage autodidacte de la poterie nécessite non seulement patience et curiosité, mais aussi un esprit critique aiguisé face aux sources d’information. Aujourd’hui, je vous invite à explorer les dangers de se fier à une source unique et à croire tout ce que vous lisez.
Il y a quelques semaines, j’ai découvert qu’un site faisait un lien vers céramiste.net afin de justifier certains paragraphes sur le processus de séchage des poteries.
Je suis allée voir le site et j’ai immédiatement compris que l’ensemble des pages étaient rédigées par ChatGPT.
J’ai juste signalé l’info sur mon compte Instagram et je n’ai pas cherché plus loin. Sauf que maintenant, ce site utilise son référencement pour faire du dropshipping, et je hais vraiment cette pratique haha.
Donc j’ai décidé d’écrire cet article pour faire un petit warning, à la fois, comme je l’écrivais dans l’introduction, sur les dangers de la source unique, mais aussi pour signaler le site « apprendrelapoterie.fr ».
Le piège des sources uniques
Le site « apprendrelapoterie.fr » représente un exemple typique des sites qui diffusent des informations fausses. C’est monnaie courante en SEO (des personnes qui ne connaissent pas du tout un sujet et qui créent un site dit « de niche » pour faire de l’argent). Le risque pour vous, lecteur.ice, est de lire et d’appliquer des conseils complètement erronés.
Avant Internet, les livres étaient des sources plus fiables, principalement parce que leur publication nécessitait un long processus de révision, de validation par des pairs et d’édition. Ce processus rigoureux garantissait que les informations étaient non seulement précises, mais aussi qu’elles contribuaient de manière significative à la connaissance globale dans l’univers de la poterie.
La facilité avec laquelle les informations sont aujourd’hui publiées en ligne peut malheureusement souvent compromettre leur exactitude et leur fiabilité. Attention, je ne jette pas du tout la pierre aux blogs de poterie. Je trouve que c’est une chance incroyable de pouvoir apprendre en ligne et de donner aussi facilement accès à l’information !
Mais, il faut apprendre à croiser ses sources et détecter les mauvaises.
Pourquoi croiser les sources est crucial ?
Croiser ses sources, ça veut dire aller lire sur plusieurs sites, aller vérifier dans des livres, toutes les informations que l’on trouve, en essayant d’avoir des explications sur le POURQUOI.
Petite anecdote : j’ai une élève qui m’a demandé « pourquoi on doit cuire le biscuit faïence plus haut que l’émail ? ». Je me suis alors rendu compte que je ne connaissais pas la VRAIE raison. J’avais moi-même répété ce qu’on m’avait dit. Je suis alors partie en quête de vérité. J’ai épluché des articles de blog, j’ai fouillé dans mes livres, j’ai vérifié aussi des conversations sur des groupes de potiers, en anglais et en français.
J’ai fini par trouver la vraie réponse à cette question, et j’ai appris plein de choses grâce à cette recherche.
Croiser les sources enrichit profondément notre pratique. Cela nous permet de confronter différentes techniques et opinions, forgeant ainsi notre propre voie avec une base solide et diversifiée.
Le fait de croiser les sources en ligne et dans des livres aide à développer une approche plus complète de la pratique de la poterie.
Comment identifier les sources fiables ?
Si vous ne souhaitez pas passer 1h à chercher des informations à chaque fois que vous lisez une astuce, ce que je peux comprendre, il faut à minima que vous soyez sûr.e de votre source.
Identifier une source fiable demande de l’attention. Je vous conseille, dans le cas d’un blog, de vérifier dans les mentions légales qui est propriétaire du site.
Par exemple, dans le cas de « apprendrelapoterie.fr », même si le A propos parle d’un collectif de passionné de poterie, on voit dans les mentions légales que le site appartient à une agence marketing spécialisée en SEO.
Les outils vendus sur le site sont également vendus sur des sites comme AliExpress, et les liens sont des liens affiliés Amazon.
Dans le cas de mon blog, vous savez que je m’appelle Juliette et dans les mentions légales vous voyez bien que c’est moi, vous voyez aussi ma tête sur les réseaux sociaux !
Idem sur les groupes Facebook. Il y a souvent des avis très divergents. Essayez de prendre plus en compte ceux des personnes ayant un peu d’expérience et/ou proposant des formations, et n’hésitez pas surtout à demander les sources !
Si la source d’un conseil est « mon prof me l’a dit », ce n’est pas pareil que « voici l’extrait du livre de Marc Uzan »…
Précision à propos du dropshipping
J’en ai parlé plus haut donc je voulais quand même préciser ce qu’est le dropshipping, car on ne connaît pas forcément…
Le dropshipping est un modèle d’affaires dans le secteur du e-commerce, où un vendeur accepte des commandes de clients sans lui-même avoir le stock de produits.
Le vendeur passe la commande à un tiers, généralement en Chine, qui expédie directement le produit au client.
Le dropshipping, lorsqu’il n’est pas explicitement mentionné, est hyper frustrant. Vous n’avez pas la qualité attendue, et en plus cette pratique occulte la traçabilité et l’éthique de fabrication des outils que vous utilisez.
Pour nous artisans, comprendre d’où viennent nos outils et comment ils sont fabriqués est, je trouve, vraiment important. Avec le dropshipping, il y a un gros manque de transparence, et il faut savoir que vous payez très cher le dropshipper : par exemple, un tablier vendu 7,29€ sur AliExpress, sera vendu 24,99€ par apprendrelapoterie.fr…
Conclusion
Pour conclure, croiser les sources n’est pas simplement une précaution, c’est aussi un moyen de d’enrichir votre pratique de la poterie. Vous apprenez, vous restez ouvert.e, vous évoluez dans votre pratique.
Et je tiens à rappeler que pour moi, tous les débutants sont les bienvenus pour parler sur les réseaux et donner leur avis. Le monde de la poterie ne devrait pas être un milieu sectaire où seuls celles et ceux qui ont lu toute la littérature céramique peuvent intervenir.
En revanche, ceux qui ne se servent que de robots pour créer du contenu plein d’erreurs, dans le but de vendre des produits venant de Chine au triple du prix, devraient prendre le temps de se regarder dans le miroir et se poser la question « Est-ce que je suis quelqu’un de bien ? ».