Pourquoi et comment apprendre à tourner ?

Mar 10, 2025 | Techniques | 0 commentaires

Le tournage, c’est probablement l’une des techniques les plus fascinantes et les plus hypnotiques. Souvent, on s’imagine poser la boule de terre sur le tour, et en quelques gestes magiques, cette boule devient un bol, un vase… Mais attention, tout ne se passe pas aussi facilement que dans les vidéos relaxantes que vous avez vues sur Instagram.

Alors, comment apprend-on à tourner et surtout, est-ce que ça vaut le coup de s’y mettre ? Je vous explique tout.

Petite mise au point

Dans tout cet article, j’essaierai d’être la plus exhaustive possible, mais aussi la plus transparente possible. Bien entendu, toutes les analyses que je vais donner ne sont que mon avis, elles sont issues de mon expérience avec le tournage et avec le monde de la céramique en général. Il est tout à fait possible de trouver des avis qui diffèrent du mien !

Qu’est-ce que le tournage en poterie ?

Le tournage, c’est tout simplement le fait de modeler de l’argile sur un outil en rotation : le tour de potier. Grâce à la rotation et à la force centrifuge, vous façonnez l’argile en montant progressivement les parois de l’objet que vous façonnez.

Le geste est technique, répétitif, mais aussi incroyablement addictif. Mais soyons honnêtes, les premières tentatives peuvent être… frustrantes.

tour shimpo RK3E

La promesse du tournage

Le tournage offre la promesse de créer des pièces symétriques, avec une maîtrise totale de la forme. C’est ce qui rend cette technique si impressionnante quand on regarde les vidéos, par exemple sur Instagram. Vous avez l’impression que d’une simple balle de terre nait une pièce, avec juste quelques gestes. 

Pour aller plus loin, les promesses du tournage sont la régularité des pièces et la rapidité de fabrication. Deux qualités qui semblent indispensables quand on envisage de devenir céramiste (je dis bien « semblent »…)

Pourquoi choisir cette technique ?

Si vous aimez les formes régulières, la précision et le geste répétitif, le tournage vous attirera sûrement. Ensuite, on choisit souvent le tournage quand on veut créer de la vaisselle. Parce que c’est plus simple de faire de la série et de produire rapidement.

Oui le tournage est une technique fantastique, addictive, qui permet de faire quasiment toutes les pièces que vous voulez. Si vous souhaitez apprendre le tournage, foncez.

serie entrainement CAP tournage céramique

Pourquoi NE PAS choisir cette technique ?

Il y a une raison très simple de ne pas choisir le tournage : c’est si vous souhaitez faire des pièces avec un rendu plus modelées, de la sculpture, etc. Là, je ne vous apprends rien.

Mais il y a une autre raison, plus rarement évoquée, que j’aimerais partager avec vous.

Le tournage est souvent vu comme « le graal » de la poterie. Quand vous voulez vous lancez dans la poterie, il y a une partie de vous qui sera inexorablement attirée par le tournage. Et quand vous vous lancerez, vous allez sûrement adorer. Ou bien, vous allez aimer, sans plus. Mais vous allez peut-être vous dire que vous ne pouvez pas être un « vrai céramiste » si vous n’apprenez pas à tourner.

Hé bien je vous le dis : C’EST FAUX.

Vous pouvez tout à fait être céramiste sans avoir jamais touché un tour de potier. Et si c’est la « pression sociale » qui vous fait apprendre le tournage, je vous conseille tout de suite de réfléchir à ce que vous avez vraiment envie de faire 🙂

Maintenant que c’est dit, parlons de l’apprentissage.

Les premières étapes de l’apprentissage du tournage en poterie

Apprendre le tournage en poterie, c’est entrer dans un monde où tout est régi par la maîtrise. Quand vous commencez, vous réalisez rapidement que tout est dans la maîtrise de la pression de la pointe de vos doigts, la maîtrise de votre position, la concentration… La moindre erreur et tout est à refaire.

Le centrage, le premier geste à acquérir qui détermine tout

Je vous le dis tout de suite : vous allez passer des semaines à maîtriser la première étape du tournage qu’est le centrage.

C’est un peu comme si vous étiez un enfant, avant d’aller descendre un toboggan ou monter dans un arbre, il vous faut déjà apprendre à marcher. Et pas à tituber ! Vous devez apprendre à marcher droit, sans trébucher, sans regarder vos pieds, sans vous tenir. 

Tant que le centrage ne sera pas maîtrisé, tous les autres gestes vous paraîtront difficiles. C’est une étape cruciale pour toute la suite. 

Une fois que c’est maîtrisé, c’est là que l’aventure commence vraiment !

Apprendre à être régulier

Le plus dur quand on apprend le tournage, c’est d’être régulier dans ses gestes.

Il va falloir avoir une certaine pression entre les doigts, mais sans que les doigts ne se touchent (vous avez la paroi de la pièce entre vos doigts). Vous allez donc devoir apprendre « par l’erreur » ce qu’est « trop de pression » ou « pas assez de pression ». 

Apprenez à bien stabiliser votre corps, vos mains, à trianguler, et faites des tests, encore et encore, sur des dizaines de pièces, jusqu’à ce que les gestes rentrent. 

Augmenter le poids de terre et varier les formes

Une fois que vous aurez maîtrisé les gestes de base du bol et du cylindre, vous pourrez augmenter peu à peu votre poids de terre, pour faire des pièces de plus en plus grandes. Je vous assure que tourner un bol de 400gr n’est pas du tout la même sensation qu’un bol d’1kg. Allez-y progressivement surtout !

Ensuite, vous pourrez aussi apprendre d’autres gestes pour compléter vos acquis et peu à peu faire les pièces que vous avez en tête. 

Les principales difficultés du tournage

On ne va pas se mentir, le tournage n’est pas la technique la plus simple à appréhender. Il demande rigueur et beaucoup de persévérance. 

La frustration des premiers essais

Soyez prêt à échouer. Beaucoup. Les premières sessions de tournage se soldent la plupart du temps par des pièces qui ne ressemblent pas du tout à ce que vous aviez en tête.

Vous pouvez « rater » 5 balles de terre, ne jamais réussir à centrer, avoir la balle qui reste entre les mains, ou pire, casser votre pièce à quelques minutes de la sortie du tour.

C’est frustrant, vous allez avoir envie de tout balancer. Je ne connais personne qui n’est pas au moins une fois passé par là. 

La maîtrise de l’épaisseur des parois

Quand vous commencez à réussir vos pièces, vous allez être confronté à une seconde grosse difficulté : avoir des parois d’une épaisseur homogène. Trop fines, votre pièce risque de s’effondrer. Trop épaisses, et vous vous retrouvez avec un objet trop lourd. Pire, quand certaines zones sont trop fines et d’autres trop épaisses, vous avez des risques de fissures à la cuisson. 

Le tournassage

Aaaah l’étape du tournassage… Elle est soit adorée soit redoutée des débutants. Je faisais partie de ceux qui pouvaient passer trois heures à tournasser sans se lasser !

Le problème du tournassage, c’est qu’il faut affiner le pied d’une pièce dont on ne connaît qu’à peu près l’épaisseur. Ça se solde parfois par un trou dans la pièce, ce qui est frustrant quand on sait combien de temps on a passé à tourner cette fichue pièce ! 

Pourtant, c’est pareil que toutes les étapes : il faut s’entraîner 🙂

Pourquoi continuer malgré les difficultés ?

Parfois, je me dis qu’on est un peu masochiste de commencer à apprendre à tourner. Car c’est vraiment un très long chemin, semé d’embuches, de frustrations, d’échecs…

Pourtant, il y a de nombreuses raisons qui devraient vous motiver à continuer.

Le plaisir de réussir

Une fois que vous avez pris le coup de main, que les gestes de base sont acquis, chaque nouvelle pièce devient une aventure. Je vous conseille de varier : pour vous améliorer, partez avec une idée précise en tête pour pousser encore plus loin vos compétences techniques. 

Mais de temps en temps, laissez vous allez avec juste une balle de terre, et voyez ce qui se passe. Je trouve qu’il y a une vraie adrénaline dans ce moment de création, et un vrai sentiment de satisfaction une fois que vous avez enfin réussi à tourner une belle pièce.

La sensation de méditation

Le tournage, c’est un véritable plaisir sensoriel, oui. La terre qui frotte les mains, la matière qui se transforme, c’est très agréable.

Mais il y a aussi le moment où votre esprit se « déconnecte », qui arrive généralement au bout d’une heure de tournage : votre moulinette mentale s’absente pour laisser les mains faire le travail. Vous commencez à vous sentir apaisé et à rentrer dans un état méditatif.

Souvent, même quand il y a eu un session un peu ratée de tournage, on ressort de l’atelier plus calme. Et en poterie, je trouve qu’aucune technique ne s’approche de cette sensation

Pourquoi choisir une formation en tournage ?

Bien sûr, on peut apprendre le tournage de manière autodidacte, mais c’est la technique la plus difficile à maîtriser en solo. 

Seul, le temps d’apprentissage est très long

Quand vous débutez, vous allez prendre de mauvaises habitudes. Vous pensez avoir compris ou vu quelque chose, et en fait, vous partez sur des bases catastrophiques.

Un exemple tout bête : si vous faites tourner votre tour dans le mauvais sens, vous n’arriverez jamais à reproduire les gestes vus dans des vidéos.

Prendre une formation, c’est gagner beaucoup de temps en évitant de nombreuses erreurs.

Bénéficier de conseils personnalisés

Quand vous tournez seuls sans accompagnement, vous pouvez vivre de grosses frustrations si vous ne comprenez pas vos erreurs. Vous regardez 20 fois la vidéo youtube sur la prétirure, mais quand vous vous mettez sur votre tour, ça ne fonctionne pas !

Et vous pouvez passer 15 jours à essayer sans succès. Pourquoi ? Parce que votre coude gauche est trop proche de votre corps / vous utilisez trop votre poignet et pas votre buste / vous serrez trop fort la terre / vous vous placez à 4h au lieu de 6h… 

Breeeef 😉 Vous voyez où je veux en venir. Pour vous, c’est difficile d’identifier ce petit quelque chose qui fait que ça ne fonctionne pas. Pour votre prof, que ce soit en direct ou en visio, il lui suffira de quelques minutes pour vous sortir de l’impasse. 

Garder le moral pour continuer

L’apprentissage peut être long et frustrant si vous le faites seul. Se former, que ce soit en atelier ou grâce à une formation en ligne avec une communauté (j’insiste là dessus !) permet de garder le moral et d’être reboosté si vous n’arrivez pas à faire un geste ou à progresser. 

Attention, toutes les formations ne proposent pas un suivi avec votre prof. J’ai déjà eu plusieurs personnes qui sont venues me poser des questions parce qu’elles n’avaient pas de réponse de la part du formateur de leur cours en ligne.

Trouver LA formation adaptée à votre besoin

Si vous souhaitez réellement progresser en tournage, je vous recommande vivement de suivre une formation. À vous de voir si vous avez besoin de cours « physiques » ou de cours en ligne. 

Et si vous cherchez une formation qui vous permet d’apprendre à votre rythme, tout en étant accompagné par votre prof tous les jours, et entouré des élèves de la communauté, alors vous pouvez nous rejoindre dans ma formation de poterie En Route pour JupiTERRE !

La formation 360° qui donne toutes les clés pour réussir et ouvrir son atelier de poterie en étant accompagné·e par une formatrice bienveillante.

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Céramiste depuis 2020, j'ai créé ce blog pour vous partager mes connaissances.
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